A l'hôpital, près de la moitié des accidents médicaux seraient évitables
900 accidents médicaux en moyenne surviennent chaque jour dans les cliniques et hôpitaux français, selon la deuxième enquête nationale sur les événements indésirables graves liés aux soins (Eneis), que vient de publier le ministère du travail et de la santé.
Sur ce total, 400 accidents seraient «évitables» estime le rapport. Un constat d'autant plus inquiétant qu'il est proche de celui déjà réalisé en 2004.
«Globalement, ça n'est pas brillant», convient Philippe Michel, directeur du Comité de coordination de l'évaluation clinique et de la qualité en Aquitaine (CCECQA) co-auteur de l'étude réalisée avec la Drees (évaluation et statistique). «Mais cela ne doit pas masquer les progrès qui ont été faits, par exemple en anesthésie-réanimation ou contre les infections nosocomiales, c'est-à-dire contractées à l'hôpital», tempère-t-il.
Chaque année, ce sont donc entre 275 000 et 395 000 «événements indésirables graves» (EIG) qui surviendraient dans les établissements hospitaliers français, dont 95000 à 180 000 «évitables», selon l'étude.
La faute aux médicaments
Les EIG évitables sont ceux «qui n'auraient pas eu lieu si les soins avaient été conformes à la prise en charge considérée comme satisfaisante au moment de leur survenue».
«20% des EIG évitables survenus à l'hôpital ou en clinique sont associés à des médicaments». Et, «les médicaments sont en cause dans quasiment la moitié des cas d'EIG ayant entraîné une hospitalisation», ajoute Philippe Michel.
Il évoque le problème des traitements anticoagulants où on n'enregistre guère de progrès, avec des traitements compliqués qui peuvent être difficiles à gérer par des patients âgés.
Autre tendance, «une augmentation des hospitalisations pour infections du site opératoire, qui peut être liée à l'identification au domicile d'une infection contractée dans un établissement de santé». «Mais cela peut être aussi la conséquence d'une mauvaise prise en charge des plaies opératoires en ambulatoire (hors de l'hôpital, ndlr)», dit-il.
Des conditions de travail dégradées pour le personnel hospitalier
Comme en 2004, l'étude pointe des «défaillances humaines des professionnels», moins souvent en lien avec des défauts de connaissances qu'avec des conditions de travail dégradées, «une supervision insuffisante des collaborateurs» ou encore une «mauvaise organisation» ou un «déficit de communication entre professionnels», note le Dr Michel.
Cependant, tous les événements indésirables liés aux soins ne sont pas considérés comme évitables. Ils peuvent aussi résulter de risques auxquels est exposé le patient dans le cadre de soins optimaux, souligne l'étude. Ils touchent plus fréquemment des patients fragiles, âgés, souvent déjà dans un mauvais état de santé.
Le plus souvent, l'événement indésirable entraîne un prolongement d'hospitalisation, mais le pronostic vital ou une incapacité à la sortie de l'hôpital peuvent être en jeu, voire, plus rarement, la mort.
L'étude a été réalisée auprès d'un échantillon représentatif d'établissements de soins aigus publics et privés, incluant 8269 patients.
Source : http://www.leparisien.fr/laparisienne/sante/a-l-hopital-pres-de-la-moitie-des-accidents-medicaux-seraient-evitables-26-11-2010-1166929.php