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Emotions: comprendre la jalousie
La jalousie vient de très, très loin, elle a fait un très, très long voyage. Elle vient par le fait même, si on s’en tient qu’aux humains, qu’on met a peu près une vingtaine d’années pour devenir adulte, sinon 30 aujourd’hui, sinon beaucoup plus et que, quand on est petit, on jalouse toujours les grands.
Donc, alors que les animaux, dès qu’ils sortent du ventre de leur mère, ou de leur oeuf, ou de je ne sais pas quoi, à peu près, il sont viables.
Nous, on est obligé de passer devant une épreuve terrible, c’est qu’on est petit, on est tout petit et que les autres sont grands. Et que, quand on est petit, je ne sais pas si vous vous souvenez, on aimerait faire comme les grands, être comme les grands.
Et donc, c’est une puissance énorme qui fait qu’on est tout le temps en train de se comparer aux autres, l’orgueil par exemple, c’est se comparer en sa faveur et la jalousie, c’est se comparer en sa défaveur.
Donc, c’est toujours se demander comment ça se fait que les autres y arrivent et que moi je n’y arrive pas. Mais ça, c’est le début du changement, d’une évolution.
Par exemple, là j’ai appris que dernièrement, on s’était aperçu que les perroquets avaient, à peu près, l’âge, l’intelligence d’un enfant de 5 ans, parce qu’une jeune ornithologue a joué au jeu de la jalousie avec un perroquet. C’est-à-dire qu’il lui a... mettons que vous me posez des questions, et à chaque que je répond, vous me donnez une cacahuète, et vous mettez dans la pièce, un perroquet qui regarde. Et bien, quand vous allez dire, « 2+2 » et que je vais dire, « 4 » et que vous me donnez une cacahuète, la fois d’après, le perroquet va répondre « 4 » plus vite que moi pour avoir la cacahuète.
Et ça, ça existe chez les perroquets mais ça existe partout. Entre autre, ça existe entre les enfants, ça existe dans les bureaux, ça existe dès que quelqu’un a une voiture que je n’ai pas ou a quelque chose que je ne possède pas, et immédiatement, je voudrais l’avoir.
Donc ça, ça nous permet d’évoluer, de nous transformer, c’est un moteur d’évolution.
La jalousie en fait, c’est un sujet qui n’est pas obligatoirement abordé, c’est un rivage très lointain, et j’ai toujours écris des livres sur des sujets que les autres délaissent.
Par exemple, j’ai écris un livre sur la connerie humaine, eh ben, la connerie humaine, c’est quelque chose... on n’en parle pas.
Il n’y presque pas de livre sur ce sujet, pourtant c’est un vaste sujet. C’est un sujet qui nous concerne tous et voilà !
Et la jalousie, ben pour moi c’était pareil. C’est quelque chose que je sentais mal, je voyais mal, je comprenais mal, dès que j’étais petit, tout petit, j’aurais voulu être grand. D’ailleurs, je le veux toujours, c’est quelque chose... donc, vouloir être grand, vouloir être comme les grands, vouloir faire ce que les autres font, cette idée m’a toujours traversé et donc je pense que, ça m’a permis de me pencher sur une mine de trésors.
Alors, une mine de trésors, c’est-à-dire que, il y a la jalousie captive, on aimerait que... être ce que les autres sont, on aimerait avoir ce qu’ils ont, on aimerait posséder un bon pâturage ou un bon territoire de chasse, on aimerait que tout soit à notre portée ou sous notre empire.
Et en fait, on s’aperçoit que ce que les autres ont, ce que les autres font, ce qu’on a pas, ce qu’on est pas, ben, c’est formidable de pas l’avoir, parce qu’on peut le devenir.
Donc, la jalousie, en fait, il y aurait une jalousie captive, enfin ce serait comme toutes les émotions, une jalousie restrictive ou une jalousie empoisonnée, qui m’empoisonne la vie et empoisonne la vie de mon entourage, et une jalousie admirative.
C’est-à-dire, de dire « Bon ben, si par exemple je vis avec ma plus belle moitié, ben, je la jalouse énormément parce que, je suis un homme et que tous les hommes jalousent les femmes. »
Alors, ça peut être mal vécu par moi, ça peut être aussi une reconnaissance de toutes ses qualités, toutes ses possibilités, toutes ses capacités, toutes ses richesses, ses libertés.
C’est incroyable, c’est une suite constante de révélation.
Donc, la jalousie n’est pas obligatoirement le vilain défaut qu’on croit, c’est un peu comme toutes les émotions.
Il y a, par exemple, c’est comme la peur.
La peur, on peut penser que la peur paralyse, que la peur coince, qu’elle bloque les pieds mais, en fait la peur, elle peut donner des ailes, elle peut donner de l’inventivité, elle met sur le qui-vive, la vie n’existe pas sans la peur, l’amour non plus.
Je m’inquièterais jamais assez de ne pas suffisamment aimer, et donc, la jalousie en fait, c’est une forme de peur ne pas être à la hauteur ou de ne pas être comme il faut.
Mais, ça peut être aussi une attention redoublée, renouvelée, redistribuée sur tout ce qu’on n’est pas et tout ce qu’on n’a pas.
Et donc, c’est à la base de l’admiration et, je crois de plus en plus, pour le vérifier tous les jours, qu’on devient ce qu’on admire.
On a une panoplie immense, à peu près, 3 à 400 mots par émotion pour signifier toutes les petites nuances, les petits détails, et on a peu de mots pour dire la jalousie, quasiment, on n’en a pas, on en a deux, la jalousie et l’envie.
Et donc, n’ayant pas de poignets pour comprendre et pour soulever ce qui se passe, on ne peut pas saisir de quoi il s’agit et, souvent, on considère que la jalousie, c’est pas bien. C’est tout, point barre.
Donc, on considère que la jalousie, il ne faut pas être violent. Donc, on a juste un interdit ou une offuscation alors que, c’est une puissance énorme.
Quand tout va mal, c’est de la jalousie. C’est-à-dire, tout ce qui est attristement, déprime, c’est toujours... si par exemple, je suis déprimé et que vous venez me voir et je vais vous dire assez rapidement dans la conversation, « Oui, mais toi, t’as de la chance. Parce que toi, c’est pas pareil que moi. Moi, tu sais, » et je vais m’enfoncer en augmentant, en grattant les plaies, les cicatrices de la jalousie.
C’est-à-dire, je vais faire que tout ce qui est résilience ne soit pas possible. Je vais toujours trouver des justifications à mes enfoncements.
Alors que, cette même jalousie, « eh ben, toi t’es mieux que moi », c’est la même chose qui peut m’amener à dire, « Mais au fait toi comment tu fais ? Qu’est-ce que tu fais ? Comment tu y arrives ? »
Parce que pour finir, les uns et les autres, on a tous ça en commun, c’est qu’on a beaucoup d’ennuis différents, variés et sous toutes les formes, et qu’on n’est pas obligé de s’ennuyer.
Justement, on a tellement d’ennuis qu’on a pas besoin de s’ennuyer. Et donc, ben, ce qui est intéressant, c’est de voir quelqu’un qui va bien, peut nous aider à sortir d’une dépréciation, qu’on appelle aussi une « déprime », je parle pas de la « grande déprime », je parle des petites déprimes passagères qui sont, comme au 19ème siècles, il y avait la nostalgie, le romantisme, il fallait être un peu dans une ambiance un peu morose. La morosité, la tristesse, être affligé, c’est presque... ça peut être un sport national d’époque, quoi.
D’être vert de gris, d’être... c’est quelque chose dans lequel on peut se complaire. Bon, donc, moi, je dis ça, je ne veux pas faire de leçon de morale, hein.
C’est que, on sait pas qu’en fait il y a un réflexe intérieur, si j’ai une petite sonnette d’alarme ou un clignotant sur mon tableau de bord, attention, en ce moment-ci, je me sens un peu crispé, un peu gris, un peu grisâtre, un peu fadasse, ça veut dire que, dans mon entourage, j’ai vu quelque chose qui est mieux que ce que je suis.
Donc, c’est quelque chose qui m’indique en fait, non pas, une porte de sortie mais une porte d’entrée, quelque chose dans lequel je peux entrer.
La jalousie indique, du doigt, indique une direction de progression, d’évolution, de transformation.
Donc, beaucoup de gens se mettent à chanter parce qu’ils ont vu d’autres chanter, à danser, à faire des veillées, à se remettre à faire du jardin, à faire la cuisine. Si on regarde bien... aller vers un instrument de musique, à sortir, si on regarde bien, toutes ces… comment on pourrait dire…. ces démarrages, ces nouveaux départs quelque part, c’est une façon, c’est parce qu’on a vu, quelque chose, quelque part, qui nous a indiqué qu’on pouvait faire ça. Et c’est du zèle créateur, c’est l’aspect zélé de la jalousie. La jalousie a des zèles. (des ailes ).
Bernard Leblanc-Halmos est praticien en santé sociale, conseiller en communication et coach. De son origine à ses manifestations contemporaines, il explique que la jalousie a toujours été présente dans notre société. Interview de Trixie de Geffrier.
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