CHapitre 8 : La Lignée de Zara
Un Roi Franc, nommé Chlodomer, fut touché par le caractère réservé et la douceur de Mariamné. Il suivait ses conseils et eût du succès dans la tenue des affaires. Il en déduisit qu’il serait bon pour sa famille de s’associer à celle de Mariamné. Il pensait que s’allier une Prophétesse par alliance entre son fils et la fille de celle-ci apporterait un prestige supplémentaire à sa lignée.
Il proposa donc à Mariamné une union entre Sarah-Damaris, alors âgée de 18 ans, et son fils Anthénor.
Il fit de plus valoir que ses ancêtres étaient tout comme la jeune fille descendants de la Maison de Juda, par la branche de Zarah, dont il donna un bref aperçu historique :
« Quand Juda, fils de Jacob, notre père à tous rencontra Tamar, elle conçut deux fils, l’un s’appelait Pharès, c’est l’ancêtre de la Maison du Roi David, et l’autre fut nommé Zarah. Les deux frères, nés à Goshem, sur la terre d’Egypte, grandirent unis. Mais Pharaon étendit de plus en plus sa domination sur les enfants d’Israël. Zarah reçut une nuit la visite d’un ange qui l’avertit du danger imminent de l’entrée prochaine en esclavage de son peuple. Il lui donna l’ordre au nom de Dieu de quitter Goshem avec sa Maison, ses fils et ses filles, ses troupeaux et ses serviteurs.
L’ange le rassura, il lui dit : « Je serai avec toi durant ton voyage. Je marcherai devant toi et te guiderai au pays de ton héritage. Le Dieu très haut que je sert veut que le joug de l’esclavage ne passe pas sur ton échine et que ta lignée le serve fidèlement ».
Zarah avertit son père et son frère. « Puisque telle est la volonté de Dieu, va mon fils et ne crains rien. Reçois ma bénédiction patriarcale et quitte le foyer de ton père pour installer ta lignée en terre étrangère. Le Seigneur aura pitié d’Israël, il délivrera son peuple au temps fixé et en tout temps nous bénirons le Seigneur, dans la joie et dans la tristesse, dans l ‘opulence et dans le dénuement car il est Dieu ».
Ce furent les dernières paroles que Zarah entendit sortir des lèvres de son cher père. Le soir même, lorsque la nuit d’orient se fit épaisse, il sortit de Goshem avec toute sa famille et ne revit plus jamais cette terre qu’il chérissait.
Le chemin fut long et pénible, mais la foi de Zarah ne faiblit pas. Au bout d’une année et demi, après avoir traversé bien des royaumes et des contrées en longeant la côte, l’ange arrêta le convoi dans une terre luxuriante (l’actuelle Dardanie). L’ange dit à Zarah : « Prends bien soin de la terre que l’Eternel te confie. Loue l’Eternel en tous lieux et en tous temps, ne détourne jamais ton regard de sa face et sers-le de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces. Je t’institue Patriarche de ta Maison, elle prospérera à l’image de sa fidélité envers l’Eternel et rien ni personne de l’effacera de la terre. Crains Dieu, il marchera toujours avec toi ». L’ange disparut et Zarah bâtit un autel en l’honneur du Dieu de Jacob.
Zarah vécut très vieux, ses cheveux blancs ne l’entraînaient pas vers la tombe. Il mourut à 400 ans à l’image des Patriarches de l’ancien temps. La population naissait, grandissait, vieillissait et mourait, mais le Roi était toujours le même. Zarah prit le nom de Zeus (plus facile à prononcer par les populations autochtones) et servit son peuple avec amour et fidélité en père aimant. Il était tendrement chéri de son peuple et vénéré car il semblait ne jamais mourir.
Ses fils et ses filles firent souche dans la région et créèrent des colonies dans cette terre de promission que le Seigneur leur avait donnée. Zarah eut un fils en sa vieillesse qu’il nomma Dardanos (c’est à lui que l’on attribue le nom de la région où il fut roi : la Dardanie). Dardanos était un homme bon et jovial. Il n’était pas belliqueux et tout le peuple l’aimait. De ses reins naquit Tros bâtit une ville riche et prospère, la ville de Troie et y plaça le trône de sa puissance. De lui viennent les Rois de Troie. Après la guerre qui enflamma la Grèce et Troie, Priam quitta la ville et commença la vie de nomade de notre famille.
Nos ancêtres longèrent les côtes de la mer noire, y plantèrent leurs tentes et prospérèrent durant des siècles. De guerres en déplacements, ils firent alliance avec de nombreux peuples et mêlèrent leurs populations, parfois ils étaient même pour un temps leurs rois (en Serbie, en Allemagne…) et furent appelés les Scythes, puis les Sicambres. Notre peuple s’installa au bord du Rhin et ne paya plus l’impôt aux césars. Ils quittèrent les tentes de leurs tribulations qu’ils avaient dressées pendant 300 ans et construisirent des demeures définitives. Ils fixèrent les bornes de leurs terres et protégèrent leurs intérêts. Ils firent alliance avec de nombreux peuples et vécurent paisiblement.
Voilà notre histoire, nous sommes les héritiers de la noble famille de la Maison de Juda, nous sommes vos cousins par Zarah le Sage et Dardanos le Juif. En épousant votre fille, mon fils renoue les fils qui le lient au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, et nous revoilà dans le sein de Dieu comme le promit l’ange à notre auguste père Zarah.
Mariamné était dans l’étonnement en entendant l’histoire de cette tribu franque et accorda la main de Sarah-Damaris à Anthénor, sûre que là était la volonté de son père et de Dieu.