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 Tous virés : ils boivent, elle s'évanouit, j'ai peur

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xenia la chamane
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xenia la chamane



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MessageSujet: Tous virés : ils boivent, elle s'évanouit, j'ai peur   Tous virés : ils boivent, elle s'évanouit, j'ai peur Horlog10Ven 2 Déc - 15:17

Tous virés : ils boivent, elle s'évanouit, j'ai peur

Un cadre trentenaire a appris fin septembre que son entreprise high-tech allait être liquidée. Il tient sur Rue89 le journal de bord des tristes semaines passées et à venir.

Témoignage 02/12/2011 à 12h25
Tous virés : ils boivent, elle s'évanouit, j'ai peur

Bientôt licencié

Ingénieur
Un cadre trentenaire a appris fin septembre que son entreprise high-tech allait être liquidée. Il tient sur Rue89 le journal de bord des tristes semaines passées et à venir.

Quand je suis arrivé, il y a cinq ans, nous étions en pleine croissance, c'était vraiment les années fastes. Le top management de mon entreprise parlait alors de 200 salariés basés à Paris.

On s'est investis à la mesure de cette grande ambition :

* on travaillait en moyenne jusqu'à 21 heures ou 22 heures tous les jours,
* certains collègues faisant même des nuits blanches,
* on reprenait nos dossiers chez nous une fois rentrés, voire le week-end.


Lors des entretiens annuels, on nous disait que malgré les résultats positifs, il fallait s'accrocher, que la concurrence était rude et féroce, qu'il fallait encore donner, plus que jamais.
Virés sans sommation

En 2009, on a commencé à sentir que les décisions stratégiques et marketing n'étaient plus les bonnes. Confirmation à la fin de la même année, à l'annonce des chiffres de vente.

Vers le milieu 2010, la situation empire, les communications de la direction deviennent inexistantes, le climat se durcit, les employés se posent de plus en plus de questions.

La situation s'envenime : certains reçoivent des lettres de rappel, d'autres se font virer sans sommation, d'autres encore craquent et partent d'eux-mêmes. Quelque chose semble en marche.
La tête du CE

Fin 2010, les résultats sont encore plus mauvais que l'année précédente. L'année 2011 commence, toujours dans le flou stratégique le plus total. On nous demande de ne pas baisser les bras, qu'il faut y croire. Les trimestres s'enchaînent, les résultats empirent, les clients nous boudent… des discussions au plus haut lieu se tiennent : c'est maintenant certain, il va y avoir une « réorganisation ».

Le 30 septembre, nos collègues du comité d'entreprise (CE) sont convoqués par la direction pour une réunion « informelle ». On leur stipule que c'est pour discuter de choses sans grande gravité.

Vers midi, on croise certains membres du CE sortant de réunion avec une tête d'enterrement. Ils n'ont pas le droit de nous parler... On est tous très choqués en voyant leur expression, d'autant que l'un d'entre eux est plutôt réputé pour sourire.
Documents classés confidentiels

C'est de nouveau une longue attente avant qu'en fin de journée ils sortent finalement de cette longue et interminable réunion.

Dans un premier temps, le CE nous dit que les documents qui leur ont été transmis sont classés confidentiels dans leur intégralité. Néanmoins, ils ont réussi à nous parler « officieusement » de ce qui se passe.

On leur a annoncé qu'il s'agissait d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE)… Quelle blague ! Par « plan de sauvegarde de l'emploi », il faut comprendre que presque tous les employés, hormis un service composé d'une poignée de personnes, vont être licenciés pour motif économique.

C'est le choc, le coup dur. Une de mes collègues qui est enceinte se met à pleurer, craque nerveusement… puis s'évanouit à l'annonce de la nouvelle. Certains employés se mobilisent auprès d'elle afin de la réconforter, de la rassurer, de lui porter assistance.
Noyer son chagrin dans l'alcool

L'annonce a eu lieu un vendredi, du coup tous les employés rentrent chez eux, beaucoup ne trouvent pas le sommeil, certains noyant leur chagrin et leur peur dans l'alcool, d'autres – à coup sûr – dans les médicaments.

Lundi, retour au boulot, les pauses-café s'enchaînent, les membres du CE se renferment et passent les journées entières à discuter entre eux. C'est qu'ils ressentent le poids de représenter le sort de TOUS les employés sur leurs épaules. Ils ne sont pas formés à ça, ils se sentent démunis face à la tâche à laquelle ils sont confrontés, sans qu'ils ne soient réellement préparés à l'affronter.

Leurs réunions avec la direction s'enchaînent, après un certain temps, ils obtiennent non sans mal la « levée » d'une partie de la confidentialité d'un document intitulé « Livre 2 ».

A la lecture de ces parties non confidentielles, on apprend les raisons économiques qui ont poussé la société à lancer un PSE. On apprend aussi qu'on aura droit à une « open comm » (communication ouverte) avec notre président.
Tous virés

Puis, c'est une deuxième phase très longue d'anticommunication. La réunion avec le président étant finalement repoussée au dernier moment pour des raisons inconnues. Bref, la situation échappe aux employés qui sont tenus dans l'ignorance de ce qui se passe.

On apprend que nos collègues des centres tunisiens et italiens sont également tous licencié

Finalement, la réunion avec le président a lieu : on nous confirme que l'on est tous virés, mis à part une équipe. On nous explique les raisons, les mauvais résultats de vente, spécialement les résultats français. Or, notre entité n'a pas de lien direct avec les ventes – bizarre comme justification.

Après diverses questions des employés, la direction indique que ce plan de licenciement n'a aucun lien avec le résultat des ventes locales mais que c'est une décision stratégique de réorganisation.

On demande quand on sera licenciés, la décision semble être dans les mains du CE et du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) qui sont les deux instances qui doivent donner un « avis » motivé sur ce PSE.
Reste les Polonais

On retourne à nos postes, on se pose tous une tonne de questions : quand vais-je devoir quitter mon entreprise ? Que vais-je devenir ? Est-ce que je dois déjà chercher du travail ? Que va-t-il arriver de ma situation familiale ? Personnelle ? Et le crédit de la maison ? Et mes projets d'avenir ?

La plus grande partie des employés est assez confiante, grâce à ses diplômes et ses compétences. Mais qu'en est-il des femmes enceintes, des personnes qui ont été recrutées sans trop de qualification professionnelle ?

On apprend que pour nos collègues tunisiens, le licenciement est expéditif : en l'espace de deux ou trois semaines, ils apprennent officiellement la décision et qu'ils terminent fin octobre. On n'aura même pas le temps de leur dire au revoir…

Nos collègues italiens semblent également choqués par la nouvelle. C'est la consternation. Ce qui est d'autant plus bizarre, c'est qu'à part certaines équipes, l'activité ne faiblit pas : on demande toujours beaucoup de support… voire même plus pour certains à qui on demande de préparer le « transfert ». Et oui, le « transfert » des compétences, des outils à nos nouveaux collègues polonais qui sont quasiment les seuls à rester en poste sur le continent européen.
Qu'on en finisse

On se dit que finalement il faudrait mieux que tout se solde rapidement, autant pour l'employeur que pour les employés, que tout se négocie au plus vite, afin que chacun puisse rebondir et puisse se relancer dans une nouvelle carrière, un nouveau job.

Le président tente de lancer des négociations avec le CE, mais sa proposition est très en dessous de ce que le CE revendique. Certains employés sont convoqués.

On apprend que le CE dépose un dossier au tribunal, l'audience a lieu fin novembre, la décision sera prononcée à mi-décembre. Mi-décembre ? Cela fait déjà deux mois que la procédure est lancée et on ne sait toujours pas quand on devra quitter notre entreprise (« notre », comme quoi on y est attachés), quand nous serons disponibles pour un hypothétique ailleurs.

Cela commence à traîner, le CE et les employés ont tous le même discours : qu'on en finisse au plus vite et que la direction revienne à la table des négociations… et pourtant c'est le statu quo.

Source : http://www.rue89.com/rue89-eco/2011/12/02/tous-vires-ils-boivent-elle-sevanouit-jai-peur-227127

C'est cela l'emploi en France ???
Qu'elle funeste blague..........
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