Le mois dernier, sous l’impulsion des communautés locales andines et du président Evo Morales, la Bolivie a introduit une « Loi de la Terre Mère » qui accorde des droits à la nature, à l’instar des droits de l’homme. Même si cette initiative n’a eu pour le moment qu’un impact limité au niveau international, elle crée cependant un précédent législatif très original en matière de protection de l’environnement.
En quelques mots, la « Ley de Derechos de la Madre Tierra » bolivienne instaure les droits suivants à la Mère Nature :
droit à la vie
droit de perpétuer les processus naturels indépendamment de toute intervention humaine
droit à l’eau et à l’air pur
droit à être exempt de pollution
droit à la diversité et à la non modification cellulaire ou génétique
droit de la nature à ne pas être affectée par des projets d’infrastructure ou de développement qui pourraient perturber l’équilibre des écosystèmes ou des populations en place
Elle introduit par la même occasion un certain nombre d’obligations légales au niveau institutionnel et inscrit le développement durable dans la vie politique locale et nationale. Cette loi s’inspire directement des croyances et des traditions populaires andines, en particulier celle de la Pachamama.
Le culte de la déesse-terre reste très vivant dans les communautés quechuas et aymaras dont l’origine remonte à l’ancien empire Inca (Equateur, Pérou et Bolivie andine, nord du Chili et nord-ouest de l’Argentine).
Evo Morales est lui-même le premier président Bolivien élu d’origine amérindienne, et il a déjà consacré une bonne partie de son programme économique à renégocier les contrats passés avec les multinationales qui exploitent les ressources naturelles du pays (gaz, pétrole, industries minières).
Dans le même esprit, la Bolivie qui détiendrait la moitié des réserves mondiales de lithium dans la région du Salar de Uyuni préfère pour l’instant ne pas exploiter ces ressources puisque ce territoire mondialement connu attire les touristes en grand nombre.
C’est donc le genre de dilemme auquel le pays se trouve confronté aujourd’hui. En effet, en termes économiques, malgré la richesse de ses ressources naturelles, la Bolivie reste l’un des pays les plus pauvres d’Amérique Latine. Exploiter ses ressources en lithium favoriserait sans aucun doute un redressement de la balance économique.
Mais sous l’angle de cette nouvelle loi de la Terre-Mère, en quoi consiste vraiment la « richesse » d’un pays ? Loi utopique ou vision originale d’un futur durable ? A suivre.
Un article de ecolopop, publié par facebook (réseau)