"Je me souviens d'être aller fêter Halloween chez un ami quand j'étais petit, et de cette dame qui s'était moqué de nous parce que nous nous étions déguisés. Elle avait refusé de nous donner des bonbons sous prétexte que Halloween était une fête païenne et qu'il ne fallait pas la célébrer. Elle nous avait dit : « Halloween est la fête du diable ! Revenez à Noël et je vous donnerai des friandises. »
C'est donc à cette dame que je « dédie » cette article...
Mais avant de commencer, j'aimerais dire quelques mots sur « Halloween »...
Halloween n'est pas « la fête du diable ». Elle s'inspire de la fête de Samain, qui était une fête religieuse très importante célébrée par nos ancêtres Celtes ; C'est le moment où les hommes ont accès à « l'Autre Monde », ce qui explique pourquoi aujourd'hui on « fête les morts » à Halloween. Les américains ont fait de Halloween une fête commerciale en insistant sur le côté « mort » - pour en venir au « morbide » - qui séduit beaucoup les enfants. Mais il est évident que Halloween ne reflète absolument pas l'esprit dans lequel Samain était célébré. Samain est une fête sacrée et pleine de réjouissances !
(La fête de Samain est également à l'origine de la Toussaint. Pour en savoir plus, lisez le livre : « Les fêtes celtiques » de Christian J. Guyonvarc'h).
LES ORIGINES PAÏENNES DE NOËL
Chaque année est célébrée le 25 décembre la naissance de Jésus de Nazareth. Cette célébration de la nativité s'accompagne de réjouissances et de pratiques qui pour la plupart d'entre d'elles nous viennent de l'Antiquité.
Avant le christianisme, la période correspondant au solstice d'hiver faisait déjà l'objet de nombreuses fêtes païennes et religieuses et était chargée d'une forte sacralité.
Les premiers chrétiens ne fêtaient pas la naissance de Jésus-Christ. C'est seulement à partir du IIème siècle que l'Église a cherché à déterminer dans l'année le jour de la naissance du Christ sur lequel la Bible ne dit rien. Plusieurs dates furent proposées : 18 novembre, 6 janvier... Les indices donnés dans les Évangiles semblent plutôt indiquer les mois de septembre et octobre et non pas le mois de décembre. En réalité, la date du 25 décembre a été fixée dans l'Empire romain d'Occident par le pape Libère en 354, dans le but de détourner les fidèles des cultes païens en usage à cette époque. Seule l'Église apostolique arménienne a conservé la date précise du 6 janvier, mais historiquement, ni l'année ni le jour de la naissance de Jésus de Nazareth ne sont connues.
Si il est dit que le mot « Noël » est une contraction du latin « natalis » (naissance), tiré de « natalis dies sol invictus » (le jour de naissance du soleil invaincu), il a surtout des origines provenants du grec « néos hélios » (nouveau soleil), que l'on peut rapprocher également au terme gaulois « noio » (nouveau) combiné au grec « hel » (soleil), ce qui donne « noio hel » pour nommer le jour du solstice.
Au solstice d'hiver, les Romains fêtaient les Saturnales en l'honneur de Saturne. Cette célébration était l'occasion de grandes réjouissances pendant lesquelles les esclaves jouissaient d'une apparente liberté. On ornait les maisons de guirlandes, de lierre, de gui et de houx et on avait l'habitude de s'offrir des présents.
À partir du règne d'Aurélien (270-275), le 25 décembre était officiellement le « Sol Invictus », autrement dit le « Soleil invaincu », qui commençait la nouvelle année. Cette fête correspondait à la naissance du jeune dieu solaire, qui était censé surgir d'un rocher ou d'une grotte sous la forme d'un enfant nouveau-né. La divinité qui représentait le « Soleil invaincu » était Mithra.
Le mithriacisme, apparu d’abord en Perse au IIIème siècle avant notre ère, connut son apogée à Rome au IIIème siècle de l’ère chrétienne. Les chrétiens en ont tiré une bonne part de leurs symboles, de leurs rituels et de leur mythologie.
Noël, christianisé au IVème siècle après que l’empereur Constantin eut imposé le christianisme comme religion d’État, n’est que l’un de ces emprunts. Le « natalis dies » dont il est question dans Noël n’est donc pas celui de Jésus mais celui de Mithra.
À cette même époque de l'année, les Vikings célébraient la Midtvintersblot. On racontait alors qu'un lutin avec une grande barbe blanche, un grand bonnet et des vêtements en fourrure rouge, nommé Julenisse, viendrait dans la nuit apporter des cadeaux aux enfants.
Même si l'on trouve de nombreux point communs avec saint Nicolas - barbe blanche, manteau rouge, distribution de cadeaux etc. - dans la représentation du Père Noël, il est évident que celle-ci trouve ses origines dans légende de Julenisse.
L'idée selon laquelle le Père Noël aurait été dessiné par la compagnie Coca-Cola en 1931 est une légende urbaine qui s'avère être, après étude, un mensonge.
On parle aussi chez les Vikings de la « tradition de Jul », une fête religieuse célébrée au solstice d'hiver (peut-être une appellation différente de Midtvintersblot ?).
La tradition du sapin de Noël plonge ses racines dans la nuit des temps. Elle est issue de la fusion d'idées chrétiennes avec des traditions païennes antérieures. La tradition consistant à accrocher des décorations sur les arbres est donc très ancienne. Les Celtes et les Vikings décoraient déjà les arbres au moment du solstice d'hiver.
En Orient, on décorait les sapins en l'honneur du dieu « Baal ». Le sapin était coupé et décoré avec de l'argent, de l’or et un emblème de la mort et de la renaissance de Baal, avec une étoile à six pointes à son sommet.
Le premier sapin de Noël, dit « moderne », est rapporté en 1521 en Alsace. Ce sont les protestants en 1560 qui répandirent la tradition du sapin de Noël pour se démarquer des catholiques.
Cette tradition se développa dans les pays d'Europe protestante, en Allemagne et en Scandinavie.
L'usage de dresser un sapin y semble être général à la fin du XVIème siècle. La décoration se composait alors de friandises, de pommes, de roses, de cadeaux, etc.
Mais c'est après la guerre de 1870 que cette tradition se répandit dans tout le pays grâce aux immigrés d'Alsace-Lorraine qui firent connaître la tradition de l'arbre de Noël aux Français.
Jusqu'au milieu du XXème siècle, l'église catholique considérait l'arbre de Noël comme une pratique païenne et franc-maçonne ; étant donné que, depuis des siècles, nos ancêtres décoraient leurs habitations avec le feuillage de cet arbre au moment du solstice d'hiver. C'est également la raison pour laquelle, au XIème siècle, l'évêque de Worms interdit à ses fidèles d'orner leur demeure « avec de la verdure prise sur les arbres ».
La tradition chrétienne tentera de s'approprier le culte rendu au « sapin de Noël » en rapportant que saint Boniface, moine évangélisateur allemand de la fin du VIIème siècle, aurait consacré au Christ un arbre auquel s'attachaient antérieurement des "superstitions" païennes.
La tradition ancienne de la « bûche de Noël » consistait à mettre dans le feu une grosse bûche au début de la veillée. Bénie par le chef de famille, arrosée d'eau-de-vie ou de vin, elle était ornée de rubans et de feuillages. On gardait ses tisons qui étaient censés protéger de la foudre.
La tradition de la bûche de Noël trouve très probablement ses origines dans un ancien rite lié à la célébration du solstice d'hiver et pratiqué par nos lointains ancêtres.
En 440, l'église décide officiellement de célébrer la naissance du Christ le 25 décembre. La messe de minuit se célèbre dès le Vème siècle avec le pontificat de Grégoire le Grand.
En 506, le concile d'Agde en fait une fête d'obligation et en 529, l'empereur Justinien en fait un jour chômé.
Au VIIIème siècle, Noël devient une fête officielle.
Aujourd'hui, Noël revêt un aspect largement profane. Elle est devenue une fête commerciale et un moment de l'année célébré, y compris par des non-croyants.
Quant aux fêtes païennes, elles sont encore célébrées de nos jours. Certes, d'une façon parfois bien différente à celle des anciens, mais le coeur et la raison y sont ! "
Pierre L. (sur facebook)