Ce matin a commencé à passer à la radio sur France Culture une émission dénoncant les dérives du label PEFC et l'avidité monstrueuse de l'industrie forestière en Tasmanie. (et les faux labels écolos en général) Cette émission a été BRUTALEMENT INTERROMPUE pour des raisons mystérieuses...
Créé en 1999 par l’industrie du bois, le label PEFC [1] est aujourd’hui présent sur de nombreux produits de consommation courante : magazines, meubles en bois, emballages papier ou encore papier hygiénique. Alors qu’il est censé « promouvoir une gestion durable des forêts », un documentaire qui a pour cadre les forêts du plateau de Millevaches en Limousin [2], révèle l’imposture en montrant comment des pratiques peu scrupuleuses en matière d’environnement sont « éco-certifiées » par PEFC.
Les Amis de la Terre, qui ont participé à cette enquête, ont décidé, avec deux autres fédérations d’associations locales [3] , de saisir la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) en estimant que ce label était de nature à tromper le consommateur.
Depuis plusieurs années, les Amis de la Terre documentent les dérives du label PEFC en France comme dans le monde :
Un chèque et vous êtes certifié ! : aucun contrôle préalable n’est réalisé chez un propriétaire qui souhaite être certifié PEFC. Il suffit simplement de s’inscrire en complétant un formulaire et en envoyant sa cotisation pour avoir le droit de vendre son bois avec le label PEFC. De nombreux propriétaires pourtant certifiés depuis des années n’ont jamais été contrôlés par un auditeur indépendant.
Un engagement volontaire ou... forcé ? : alors qu’en théorie, la certification est une démarche volontaire des propriétaires forestiers, en pratique, les exploitants forestiers et les coopératives exercent sur eux une pression très forte. Certaines coopératives envoient même des courriers à leurs adhérents en considérant que l’absence de réponse est un accord tacite pour être certifié.
Des cahiers des charges minimalistes : dans la plupart des régions, le cahier des charges de PEFC ne va pas plus loin que la stricte application des lois existantes. Les préconisations environnementales sont floues et peu contraignantes car décrites avec des termes comme « s’efforcer de » ou « prendre des dispositions pour ». Sur le terrain, comme le montre le documentaire, c’est ce qui permet à de nombreuses coupes rases d’être éco-certifiées.
Un label international qui « verdit » le bois issu du pillage des forêts primaires : en 2003, PEFC est devenu un système international et constitue aujourd’hui une certification parapluie qui abrite les pires dérives. En Tasmanie, les forêts primaires sont rasées, incendiées au napalm et écocertifiées PEFC [4].
Sylvain Angerand, chargé de campagne pour la protection des forêts aux Amis de la Terre France explique : « Le label PEFC est devenu incontournable dans les magasins et trompe de nombreux consommateurs qui croient acheter un produit écologique ; c’est pour cela que nous avons décidé de saisir la DGCCRF. »
Plus de dix ans après la création de PEFC en France, et alors que la plupart des forêts exploitées sont écocertifiées, les Amis de la Terre constatent que l’érosion de la biodiversité n’a pas pour autant été enrayée : « Le label PEFC est censé garantir une gestion durable des forêts françaises. Or, plus d’une centaine d’espèces animales et végétales qui dépendent des forêts restent menacées d’extinction [5]. La réalité est que les pratiques forestières ont très peu évolué et que les pouvoirs publics ont préféré miser sur la certification plutôt que de renforcer la loi forestière » conclut Sylvain Angerand.
http://www.amisdelaterre.org/Les-Amis-de-la-Terre-denoncent-le.html