L'auteur de la traversée de la Manche, amputé des 4 membres, n'a "jamais douté"
De Dephine PAYSANT (AFP) – Il y a 10 heures
LILLE — "Peu de gens pensaient que j'allais réussir, mais moi, je n'ai jamais douté", a confié à l'AFP Philippe Croizon, un homme amputé des quatre membres, qui vient de réussir la traversée de la Manche à la nage, annonçant que son prochain défi sera de "relier l'Europe à l'Afrique".
"Sur le moment, je n'ai pas réalisé que j'avais réussi. Ce n'est que hier soir, quand je me suis couché, que soudain, je me suis surpris à éclater de rire tout seul dans mon lit, en me disant + ça y est, tu l'as fait + ", explique Philippe Croizon, quelques heures après son exploit.
"Aujourd'hui, je suis perclu de courbatures, et je commence seulement à réagir à ce que j'ai fait, mais je suis l'homme le plus heureux du monde", raconte-t-il au téléphone, la voix remplie de joie et de fierté.
Cet homme de 42 ans, amputé des quatre membres en 1994 après avoir été terrassé par plusieurs décharges électriques de 20.000 volts alors qu'il démontait une antenne de télévision, a réussi à rallier samedi Folkestone (Grande-Bretagne) au Cap Gris-Nez (Pas-de-Calais, France) en 13H30 minutes.
Une performance sans précédent, pour lequel cet ancien ouvrier métallurgiste s'est entraîné pendant deux ans, jusqu'à 30 heures par semaine.
"Au départ, on devait me donner une cote de 90 contre 1. Peu de gens pensaient que j'allais réussir, mais moi, dans ma tête, je n'ai jamais douté. J'étais tellement prêt. Ca faisait 16 ans que je ne pensais qu'à cela", témoigne Philippe Croizon.
"En 1994, j'étais sur mon lit d'hopital, on venait de me couper ma dernière jambe. Vous imaginez ce que je pouvais ressentir. Et puis j'ai vu ce reportage télévisé sur une nageuse traversant la Manche. Et là, je me suis dit: +pourquoi pas moi un jour ?+ ", se rappelle-t-il.
Revenant sur sa course, M. Croizon explique qu'il a nagé beaucoup plus vite que prévu, lui qui tablait sur une traversée en 24 heures.
"Normalement, je devais partir avec des pulsations à 110-120, j'étais à 130-150 tout du long. A un moment, je me suis dit +Waouh, ralentis, jamais tu ne vas aller au bout à ce rythme-là+. J'ai voulu aller moins vite, mais je n'ai pas pu. Mes bras étaient partis, la machine était lancée", détaille-t-il.
"J'ai doublé des valides, c'était un truc énorme. J'étais dedans, je l'avais dans la tête. Je ne voulais surtout décevoir personne. (...) Et j'ai réussi cette traversée de la Manche en un temps record. Même moi, je n'en revenais pas quand je me suis assis sur ce rocher du Cap Gris-nez", explique-il.
"C'est une grosse émotion aujourd'hui. Je suis arrivé au bout de mon rêve. J'ai montré la voie. (...) Je voulais être un porte-flambeau pour tous ceux qui croient que la vie n'est que souffrances, et j'ai réussi à aller au-delà de tout ce que je pouvais espérer", déclare Philippe Croizon.
Mais déjà, l'homme pense à relever un prochain défi. "Maintenant que je sais nager, j'ai envie de faire un petit symbole: relier l'Europe au continent africain à la nage, sans doute l'été prochain", annonce-t-il.
source : http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iYic29SIHdAwzFiqzdDn0LLSnPxQ