“Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde.” (Gandhi)
Au début, on décide souvent de développer son intuition pour
le plaisir. Puis, rapidement on comprend qu’elle mène à une
démarche personnelle de découverte de soi. Éventuellement,
on s’aperçoit qu’il s’agit d’un engagement profond.
L’apprentissage de l’intuition nous mène sur la voie d’une
transformation intérieure que nous choisissons de suivre afin de se créer
une vie meilleure. D’un point de vue rationnel, la notion de « créer
un monde meilleur », tout comme celle de « changer le monde »,
est perçue comme tellement idéaliste qu’elle apparaît
totalement inaccessible. Mais bien que cet idéal semble hors de portée,
lorsque nous étudions l’intuition, il apparaît soudainement
comme une solution probable face à l’ampleur des tumultes planétaires.
Serait-il possible que l’idée de transformer le monde soit beaucoup
plus réalisable qu’il n’y paraît ? En fait, est-il concevable
que chacun de nous, individuellement, puisse jouer un rôle concret et à
notre portée dans ce processus ?
Changer de l’intérieur pour changer l’extérieur
Le pouvoir d’idéaliser est l’une des grandes qualités
de l’être humain. Dans sa quête d’un idéal, la
personne accorde une plus grande place au sentiment et sollicite sa connaissance
affective et intuitive. Elle ne limite plus son imagination, et accepte de dépasser
les limites du raisonnable. La capacité d’idéaliser étend
ses horizons.
Depuis des siècles, l’humanité a connu bon nombre d’idéalistes
proposant des solutions aux problèmes sociaux. L’expérience
nous démontre que parmi ceux qui ont remporté un certain succès,
peu ont apporté un changement durable, et encore moins ont profondément
changé notre monde. Par exemple, Karl Marx, avec son modèle communiste,
a tenté de créer un système social égalitaire où
chacun participait au bien-être collectif en se conformant aux règles
établies pour tous. Malgré le mérite de son aspiration
et l’originalité de ses idées, ce système collectif
imposait des changements extérieurs en vue de modifier les comportements
intérieurs. Ça ne fonctionne pas.
À l’opposé, Gandhi proposait que chacun devienne responsable
de ses propres choix. Il enseignait que la meilleure façon de changer
le monde est d’apporter en nous-même les changements que nous souhaitons
voir autour de nous. Je crois qu’il cherchait à communiquer que
notre épanouissement collectif passe par l’expression du potentiel
créatif de l’individu. Lorsque chaque individu exprime sa créativité,
un équilibre se crée naturellement dans l’environnement.
La poursuite d’un idéal personnel devient alors une pulsion qui
amorce le changement de l’intérieur vers l’extérieur.
L’intuition comme source de créativité
C’est la fonction de l’intuition de nous guider vers la réalisation
de nous-mêmes. Voilà l’objectif qu’elle sert d’abord
et avant tout. À travers l’inspiration, elle nous insuffle les meilleurs
choix à faire en vue de notre réalisation. Ces choix exigent parfois
des lâcher-prise, des deuils et des choix. Nous avons tort de croire que
nous ne serons jamais confrontés ou que nous n’aurons jamais peur
si nous suivons notre intuition. La réalisation de soi-même passe
par une transformation intérieure qui nécessite du changement.
Et le changement peut parfois être une source d’angoisse.
Lorsque la voix de l’intuition devient la voie de notre transformation
intérieure, elle nous entraîne sur des chemins surprenants, parce
qu’inattendus et créatifs. L’intuition est le langage de notre
créativité et c’est la nature même de la créativité
d’être nouvelle et prolifique. Elle nous oriente vers la découverte
de qui nous sommes réellement : un être d’une complexité
étonnante, au potentiel immense, capable d’une énergie créative
illimitée qui doit s’exprimer. Cette énergie créative
est associée de très près à notre vitalité.
Si elle ne trouve pas de voie d’expression, elle peut très souvent
mener à la dépression ou à l’épuisement (burn-out).
Les conflits qui surviennent dans le monde sont un reflet de la méconnaissance
de qui nous sommes vraiment. Par exemple, lors de la tragédie du 13 septembre
dernier, au collège Dawson, le « tueur » n’incarnait-il
pas toute notre incompréhension de la souffrance affective et de ses
conséquences tragiques? N’exprimait-il pas notre profonde ignorance
de la violente misère intérieure et notre froide condamnation
de son expression désespérée? Combien d’entre nous
avons condamné ce jeune et avons été terrorisés
par la violence de son désespoir ? Cet homme est, en tant qu’individu,
le reflet de l’incompréhension collective de nos propres besoins
essentiels. Il reflète les limites de notre connaissance de la psyché
humaine, et par extension, de la nôtre. Notre psyché et notre affectif
contiennent à la fois notre potentiel créatif et notre besoin
naturel de participer à l’environnement qui nous entoure. Lorsque
ce potentiel ne trouve pas de voie d’expression naturelle, il se déforme
et se pervertit sous l’effet de la souffrance, de la peur et de l’isolement.
Nos états intérieurs et nos pensées se reflètent
toujours dans notre environnement immédiat. Mais ils ont aussi des répercussions
sur l’ensemble de l’humanité à travers l’inconscient
collectif. De la même façon, chaque percée accomplie, chaque
peur que nous avons le courage de traverser, chaque transformation facilite
ce même avancement pour les autres. La transformation intérieure
est donc un engagement et demande une responsabilisation de notre part. Elle
passe par l’apprentissage de qui nous sommes, de quoi nous sommes faits,
et par l’expression de notre créativité. En cours de route,
il se peut que nous soyons appelés à :
- Abandonner certaines façons de penser pour en adopter de nouvelles;
- Remettre en question certaines valeurs afin d’écarter celles qui
font obstacle à notre épanouissement;
- Changer certaines habitudes afin de briser le cycle du stress (faire constamment
la même chose en espérant obtenir des résultats différents)
et exprimer plus de cohérence entre ce que nous pensons et comment nous
agissons;
- Avoir plus souvent le courage de nos convictions et agir en accord avec notre
connaissance intérieure;
- Accepter d’agir sans avoir toutes les données, en réponse
aux élans de notre cœur;
- Accorder plus de confiance à ce que nous ressentons qu’à
ce qu’on dit autour de nous;
- Mettre tout en œuvre pour choisir un travail auquel nous aspirons plutôt
que d’accepter des compromis qui n’exploitent que de façon
médiocre notre potentiel créatif.
En réalisant pleinement qui nous sommes, non seulement nous devenons
un modèle d’inspiration pour ceux qui nous entourent, mais nous
incarnons le monde dans lequel nous voulons vivre. Puis, nous nous rendons compte
que notre environnement change progressivement pour devenir le reflet de qui
nous sommes vraiment à l’intérieur.
Et si cet idéal d’un « monde meilleur », qui semble
inspirer plusieurs d’entre nous en 2006, était en fait une intuition
collective. Elle nous révèlerait que si chacun s’engage dans
sa réalisation personnelle, il se créera naturellement un équilibre
dans notre environnement. Le genre d’équilibre inhérent à
l’énergie créative. Cette même énergie par laquelle
s’est créé l’univers, la Terre et tout ce qu’elle
contient. Est-il si difficile de croire qu’en exprimant sa créativité
et en apprenant à se laisser guider par son intuition, chacun contribuerait
à créer dans son environnement un équilibre et une coopération
comparables à ceux qui existent entre chaque cellule de son corps. Quel
avantage y aurait-il à ce qu’une cellule soit forcée à
travailler pour le foie alors qu’elle possède tous les atouts pour
se réaliser dans le muscle cardiaque ? La nature ne fonctionne pas ainsi,
mais la société oui. Serait-ce pour cette raison que la société
est malade ? Et l’être humain, qui répond aux règles
de cette société, oublie trop souvent qu’il appartient à
la nature. S’il vivait plus en accord avec ses règles, s’il
comprenait mieux sa propre nature, s’il écoutait plus ses aspirations
naturelles, se pourrait-il que cette transformation intérieure soit porteuse
de changements dans son environnement? Il n’en tient qu’à nous
d’être le changement que nous désirons voir autour de nous.
En le devenant, nous reproduirons d’autres « cellules » comme
nous autour de nous. Sur le plan collectif, nous multiplierons les cellules
saines et modifierons notre environnement en le rendant plus harmonieux.
La première étape, je le crois, c’est l’engagement.
S’engager à se connaître en reprenant contact avec son propre
système de communication interne. S’engager intérieurement
sur la voie de la transformation. Pour nous guider, l’intuition est infaillible.
Infaillible ne veut pas dire sans difficulté et sans effort. Développer
son intuition est un engagement… Mais en acceptant de le suivre, nous agissons
non seulement pour nous-même, mais aussi pour l’humanité.
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